dimanche 24 février 2013

Merci les Genouds


Hiver, quand tu nous tiens… on s’ennuie dans le froid, dans la grisaille, dans le vent, la neige, la flotte…
Hiver… ras le bol !!
Aussi, il faut être un Warrior pour oser crapahuter quatre heures durant dans ces conditions. Mais l’inaction de plein air fini par être insupportable. Et, c’est un vrai travail d’équipe que de faire réussir telle prouesse à l’un des leurs !
Il faut même être sacrément gonflé pour se frotter à l’ensemble de ces éléments déchainés. Or le Warrior Charly n’a pas eu trop de problème pour se fondre dans nos beaux paysages en cette nouvelle journée peu attrayante. Mais il faut dire que les illustres cuistots de l’équipe avaient mis le paquet pour faciliter ce déplacement. C’est donc sur un véritable coussin d’air que leur président a survolé sa vingtaine de bornes par monts et par vaux. Topinambours en flocons de neiges sur descente de lit de mâche, suivis de près par un chou sorti tout droit du pot, allégés en premier lieu par une myriade de bulles du breuvage du Roi Dagobert, et plus tard désalcoolisé par la fraîcheur des bulles d’une eau de tous les diables… Tout y était ! Et ce n’est pas faute d’avoir passé une partie de sa courte nuit, au risque de faire sauter le hameau tout entier de Montbarbin, à évacuer une partie de ces gaz qui l’avaient gonflé telle une belle baudruche, afin de réussir à rentrer dans son petit pantalon de marche sitôt le pied posé à terre au son du réveil-matin qui chanta bien longtemps, suite à une nuit bien mouvementée…
Une vraie « ola » s’impose pour féliciter les auteurs, artisans, artistes, de cette prouesse culinaire qui a permis à leur vénérée idole de boucler sa boucle au milieu d’une intraitable chasse aux sangliers et sur des sentiers tous plus glissants les uns que les autres !
Morale de l’histoire : tous les Warriors auraient dû participer à cette très belle rando et marcher de concert… au lieu de se déballonner dans leur coin !!! Foie de Warrior !
Merci pour ce beau et vaporeux weekend…

dimanche 2 septembre 2012

Les Warriors sur tous les fronts





Vendredi 6 juillet  2012 : L’approche des environs de notre camp de base déclenche, chez moi, une sorte de stress qui ne me quittera pas de sitôt. Bien que je m’attendais à un relief de collines, la découverte de notre aire de jeu du weekend m’impressionne. Je m’étais en effet figuré quelque chose d’un peu plus plat ! Mais le fait que nous arrivions sous la pluie renforce l’idée que nous risquons de souffrir durant notre périple. Et en traversant le sentier herbeux tout proche de notre gîte et que nous devrons emprunter, je ne me rassure pas davantage. L’herbe est assez haute et la boue est bien là, formée par les pluies des derniers jours. Pluie, pieds rapidement dans l’eau et donc fragilisés, grimpettes, vicieuses descentes pour nos pauvres genoux et boue… voilà quelques-uns des ingrédients du menu qui nous est proposé !

A ce moment, imaginer parcourir 100 bornes dans ces conditions, c’est comme se trouver au pied d’une montagne, d’une immense paroi rocheuse contre laquelle on va devoir lutter pour la vaincre. Et c’est bien un sentiment d’angoisse, le trac avant un grand événement, qui m’assaille, me pénètre et commence à me nouer les intestins pour ne plus me lâcher pour un certain temps, au point que j’en ferai part à Max puis à Maurice… Et ce sentiment se renforce à chacune des averses successives que nous essuyons ! Pourtant, entre chaque ondée, c’est un somptueux spectacle de jeux d’éclairages sur la campagne percheronne que nous pouvons admirer ! Comme pour nous narguer ! « Alors : ils vont y aller… ou pas ?? Caps, ou pas caps ? » semble nous défier le gars qui balance entre la douche et la rampe de spots !!

Samedi 7 juillet 2012 à 8h06 : Après une nuit en deux temps, pour ce qui me concerne, nous nous retrouvons tous au petit déjeuner, avec l’excitation propre aux événements exceptionnels. J’avais bien dormi au début de la nuit, grâce à un très léger somnifère ingurgité afin d’éviter les cogitations dues à cette angoisse qui m’habite depuis notre arrivée sur place. Mais la suite a été plus calamiteuse, et je me suis réveillé à moitié endormi et peu serein ! Et alors que tout s’agite autour de moi dans ce qui, en quelques minutes, est devenu une véritable ruche, je suis en pleine concentration, devant la pluie qui tombe, passant à nouveau en revue tout ce qu’il me faudra gérer pour être le moins possible perturbé durant ma promenade d’environ 24 heures. Et assez rapidement, la pluie cesse, cédant la place à un minuscule rayon de soleil. Une très longue journée prend forme dans le Perche…




AVERTISSEMENT : 
Dans cette micro région, toutes les populations ont été prévenues : les désormais célèbres Warriors arrivent ! Chacun doit donc rester à sa place. Cela est valable pour tous les percherons et les percheronnes, mais aussi pour les vaches, les ânes, les chiens, les véhicules, les sangliers, les renards, les chevreuils…



9h55 : Il règne une ambiance bon-enfant à Trizay. Des marcheurs de toutes les catégories attendent patiemment le signe du départ en papotant. On est venu entre amis pour réaliser la perf de l’année, voire de toute une vie ! Alors, c’est une vraie fête ! Ca jacasse, ça rigole dans tous les coins, mais parfois aussi : c’est bien calme. Puis les groupes se forment et se resserrent au pied de la place du petit village qui n’a pas peur d’y faire se côtoyer la mairie et l’église. 



Mais, aujourd’hui, c’est le maire qui prend la parole en saluant tous les valeureux courageux qui s’apprêtent à livrer le meilleur d’eux-mêmes, puis en annonçant que : « C’est parti » !!!!
 
Dès le départ, Maurice fausse compagnie à tous les autres Warriors ! Vexé et malheureux de s’être résigné à ne pas faire les 50km, il a décidé de mouiller le maillot pour boucler son 25 le plus vite possible ! Aussi, il n’attendra personne et fera sa marche en solo. Pour faire encore plus fort, il s’est même, apparemment, placé en tête du peloton, alors que le reste de notre groupe prend un départ à allure raisonnable parmi les autres marcheurs. Nous ne le reverrons donc pas !



Sitôt la première montée abordée, les choses changent. Josiane et surtout Agnès forcent un peu le pas. Il faut dire qu’elles ont un contrat à respecter : elles doivent boucler leurs 50 bornes en moins de 12 heures ! Quant à moi, après être resté quelques minutes avec les 25 bornards de notre équipe, avec ma petite caméra sur la poitrine, je décide de leur fausser compagnie et de faire la route avec ces deux miss qui auront un rythme plus soutenu. Celui-ci me correspond mieux, et j’ai aussi un contrat : boucler mes deux boucles en moins de 24 heures. Alors « Ciao ! bye, bye, les 25 !!! Et bonne route » !




Je rattrape donc mes deux habituelles compagnes d’entrainement. Et dès le haut de la côte, nous tombons une épaisseur dans la fraîcheur matinale du Perche. 




En effet, l’effort produit dans une telle ascension, avec un sac rempli afin de pouvoir parer à toutes les éventualités d’un si long parcours et d’une météo bien capricieuse, produit des calories dont il est bien agréable de se débarrasser dès la première surchauffe. 



 

Puis, comme à notre habitude, nous marchons de concert, à une vitesse commune, dissertant épisodiquement des curiosités déclenchant un quelconque émoi. Le paysage dans lequel nous ne tarderons pas à baigner est vraiment joli. La blondeur des champs de céréales tranche harmonieusement avec les bosquets disséminés entre de petits hameaux où domine l’ocre des pierres. Et l’angoisse qui m’habitait disparaît insensiblement, vaincue par la beauté de la situation.



Vers le cinquième kilomètre, nous passons juste à côté du « Warrior’s manor », magnifique de rusticité, fondu dans un paysage typique de la région : étangs aux côtés des bâtiments ocres. A peine quelques minutes plus tard, nous essuyons notre première averse, sous la forme d’un léger crachin, bienfaiteur, car rafraîchissant après les premières grimpettes qui nous ont mis en jambes.




Puis nous descendons sur Vichères, notre charmant petit village et premier lieu de pointage et de ravitaillement. Là, nous constatons que notre temps de passage n’est pas très bon : 6,2km en 1h25 ! Même si j’avais décidé de partir à une allure relativement modérée, celle-ci me semble quand même un peu en-deçà du raisonnable pour pouvoir boucler sereinement les 100. Pourtant, je désire me garder une marge pour avoir le temps de parer à tout pépin. Aussi, avec ma petite mais non négligeable expérience de la distance, et vu les conditions climatiques, je sais à quoi m’attendre. Tout au long de ma petite balade, je vais donc devoir veiller à concilier ces deux contraintes. Mais pour l’instant, il n’y a pas de quoi s’affoler. Nous savons tous les trois que nous devons légèrement allonger le pas. Et nos entrainements en commun aidant, nous allons réattaquer d’un pas un peu plus soutenu, et toujours ensemble. Certes nous avons choisi nos distances contractuelles respectives, mais nous formons aussi une équipe. Et marcher ensemble dans ce magnifique décor pour aller à sa découverte et tenter de réaliser nos curieux rêves respectifs nous ravit tous les trois.



Depuis un certain temps, voire depuis le départ, nous constatons que nous ne voyons aucun dossard correspondant au 100km ! Je suis d’accord que mes deux performances précédentes, au niveau du temps que j’avais mis, n’ont rien d’extraordinaire. Mais je trouve pourtant bizarre de me retrouver si esseulé. N’y aurait-il que des compétiteurs dans ce curieux peloton ?! Ce qui m’intéresse avant tout est la distance. Evidemment, si je peux grappiller quelques minutes sur mon temps précédent, j’en serai ravi ! Mais je reste prudent car je me connais bien. Je me souviens de ce Jacky Ickx, exemple de grande sagesse dans le domaine de l’endurance, qui, alors que le départ des 24 heures du Mans automobile consistait à courir en sprintant jusqu’à son bolide pour prendre la route, avait traversé la piste en marchant, justifiant cette attitude non conventionnelle par le fait qu’il s’agissait d’une épreuve d’endurance et non de vitesse, s’inspirant certainement de la fable du « lièvre et de la tortue ». J’ajoute même que le sportif qui n’utilise aucun moyen de locomotion, si ce n’est son propre corps, n’a qu’une seule machine à sa disposition, et ce jusqu’à la fin de ses jours, et que, de plus, il n’a aucune possibilité de réparation… Aussi, j’ai fait le choix de ne pas m’emballer, et même si je suis à la traîne des autres, tant que je suis dans les temps je peux poursuivre mon effort au même rythme. Et, au bout du compte, on verra certainement à l’arrivée que certains se seront montrés trop présomptueux ! 


Après avoir essuyé une bonne douche (Eh oui ! C’est comme ça !), et alors que je suis un peu en avant de mes Warriorettes, je fais une rapide pause pour essuyer à son tour ma cape de pluie et la ranger. Je repars alors en emboîtant le pas d’un couple avec lequel j’entame une petite conversation. Après de rapides présentations de circonstance, et alors que je leur demande de quoi on peut bien vivre dans cette région essentiellement rurale, nous  philosophons à propos de nos métiers respectifs qui présentent certaines similitudes. 

 
















Tous deux vivent et travaillent au village de Trizay, et forment ainsi une « famille d’accueil ». J’imagine que la série télévisée « Famille d’accueil » doit leur paraître aussi grotesque que celle qui sévissait, à l’époque de mes débuts dans l’enseignement et qui résumait la vie du super instituteur à sa géniale inspiration face à chacune des classes qu’il dirigeait et qui curieusement ne comptait systématiquement qu’une douzaine d’élèves ! Eux, accueillent principalement des ados étrangers dont la vie n’avait jusque-là pas été rose. Manifestement heureuses d’être là et de profiter ainsi de leur belle région, ces deux personnes, à la démarche sereine et pleine d’entrain, abritent, nourrissent et guident actuellement quatre jeunes étrangers aux destins brisés. Ils ont entre autre un réfugié afghan depuis environ trois ans et qui vient brillamment de réussir son Brevet des collèges. Bravo à lui ! Et bravo à eux deux…

Vers 12h30, Danièle me téléphone. Je suis assez étonné d’être ainsi joint, car la veille aucun de nous ne parvenait à utiliser ce joujou à la pointe de la technologie. Ça a l’air d’aller pour elle et ses acolytes, mais elle m’apprend l’abandon de Bénédicte. Bien enrhumée depuis plusieurs jours, elle souffre, en plus, du dos ! Elle s’est donc arrêtée en passant à côté de notre gîte. A présent, elle peut profiter de cet endroit magnifique et de la maison très sympa. Farniente…

Vers le km15 : Déjeuner rapide au checkpoint. Nous sommes assis sur un banc pour déguster notre… savoureuse salade de pâtes !!

Vers 13h30 : Après être repartis, nous évoquons une averse qui risque de nous tomber dessus, tant le ciel si changeant s’est assombri à notre proximité. Et très rapidement, c’est le cas. Nous avons à peine eu le temps de nous arrêter pour nous revêtir de nos capes de pluie. En catastrophe, nous nous abritons sous le toit, pour ne pas dire la gouttière, d’un corps de ferme. Et c’est le déluge ! Très vite, la route que nous suivions et qui plonge vers le bas de la colline sur laquelle nous sommes perchés déborde d’eau. Le vent s’en mêle. Un troupeau de vaches, comme emportées par la bourrasque qui vient d’attaquer notre promontoire, s’affole et galope à l’aventure pour fuir le déluge renforcé par la force sans mesure aucune de ce vent soudain. Nous les distinguons à peine à travers le rideau de liquide qui s’active devant nos yeux ébahis ! Quand après quelques minutes la tempête diminue d’intensité, nous décidons de reprendre notre cheminement, correctement équipés. Mais, cette pluie adverse ne cesse pas pour autant ! Et nous descendons dans un véritable torrent. L’imperméabilité de nos chaussures commence alors sérieusement à perdre de son invincibilité. Et arrivée au bas de la colline, comme pour nous narguer, la route remonte, aussi pentue. Et comme il pleut toujours, après être descendus dans le sens du courant, il nous faut à présent remonter l’autre versant… donc à contre-courant !!


A présent, et en ce qui les concerne, dans leurs chaussures, mes pieds se sentent aussi à l’aise que des poissons dans l’eau !

A force de l’enfiler puis de la retirer, ma cape de pluie m’énerve. Les petites pressions, situées sur les côtés afin d’aérer ce qui pourrait devenir une vraie cocotte-minute, ne cessent de se dégrafer. Et chaque manipulation devient un peu plus délicate que la précédente. C’est peu dire si cet outil, pourtant salvateur au vu de toutes les giboulées que nous rencontrons, est malmené !

14h05 : 
Un garçon lève les bras dans le ciel nuageux de Trizay ! Il franchit la ligne d’arrivée de son 25 kilomètres. Si un jour il me perçoit, je l’engage à changer de distance !

Ce qui devait arriver finit par arriver. Ma cape de pluie se déchire à l’encolure. Je me vois donc contraint de monopoliser une main pour pouvoir la maintenir fermée dès que nécessaire. Mais l’eau finit toujours par pénétrer là où elle a décidé de s’insinuer.

Danièle pointe son nez, précédé de ses godillots tout crottés, au point de contrôle du km18. « C’est beau, hein !! » lui lance-ton. Dégoutée de la vie, elle répond mal aimablement : « J’en sais rien ! J’regard’ que mes pieds » !!!

Vers 15h15
Je téléphone à Maurice pour savoir où en est son avancée. En direct, il m’apprend qu’il est en train d’en terminer… Il doit être heureux d’avoir réussi cette performance, car les derniers kilomètres n’ont certainement pas été aisés, pour lui aussi, avec les conditions météorologiques que nous avons tous rencontrées. Alors : « Bravo, Momo !!! Et : Repose-toi bien car tu l’as bien mérité » !


15h25 : Après une nouvelle sévère averse, nous arrivons à Frazé. Après 25km, nous voici à l’extrémité de la boucle du premier 50km, et pour marquer le coup, nous opérons un demi-tour autour du château absolument splendide de ce petit village. Constitué de quelques briques et pour l’heure, visité de pébroques, ce monument, visiblement maintes fois relooké depuis le Moyen-âge, n’est pas à classer dans les petites merdes de brique et de broc. Vraiment : il vaut le détour, et le tour ! Et c’est vraiment dommage de ne pas avoir davantage de temps pour s’y attarder. Juste un arrêt, le tamponnage de notre fiche de route, un coup à boire avec une sucrerie, quelques étirements et un coup d’œil de curieux vraiment interloqué par la beauté du lieu, et les machines repartent…



 














 
16h08 : 
Le ciel de Trizay, jusque-là chargé de lourds nuages électriques, s’illumine de 50 étoiles pour fêter l’arrivée du premier marcheur des 50 bornes !! Il accomplit là une belle performance, mais l’histoire dénaturera un peu plus tard l’événement en signalant que le garçon a partiellement couru !! Bravo quand même…

Au même moment, notre groupe de trois, un peu éclaté, parvient dans un joli parc entourant un non moins joli petit château de style Renaissance. Et, surprise : un ravitaillement nous y est proposé… évidemment sous la pluie. 

 

Ce sont les propriétaires du lieu, Madame et Monsieur, en costume, comme il se doit, qui proposent leur propre collation, sauvage, comme ils disent ! Je leur rétorque que leur tipi n’est pas mal du tout…

16h15 : 
Tania, Alphons et Max en finissent avec leur 25km bien arrosé lui aussi, eux aussi… Voici aussi une belle performance qui rassure certainement Tania après sa désagréable déconvenue du mois d’Avril à Fontainebleau. « Bravo à vous !!! Et : Reposez-vous bien, vous l’avez bien mérité » !

Devant mon énervement à propos de ma cape (pas de Zorro, ni de super héros, mais simplement de pluie !) Josiane fait une réparation de fortune qui ne nous coûte pas trop cher avec une des chères épingles à nourrice de mon dossard. Alors, un doute terrible m’assaille avec sa massue : les deux seules épingles fournies par l’organisation suffiront-elles à maintenir mon dossard, et surtout à le maintenir de manière à ne pas trop endommager mon beau maillot de Warrior ? Perclus d’émotion à propos de cet horrible dilemme, je ne m’attarde cependant pas davantage sur cette réflexion philosophique quant au matérialisme de cette situation profondément marxiste ! Aussi, et pour demeurer terrien sur la Terre, et surtout pour éviter de continuer à mouiller mon dossard qui avait déjà servi l’an dernier à un autre valeureux concurrent, et qui avec un peu de chance pourrait à nouveau servir lors de la prochaine édition, je n’insiste plus ! Là, il s’agit bien de développement durable ! Et le petit écolo qui somnole en moi, de ce fait, se satisfait de ce fait ! Et, nous relançons les machines. 


















 




Mais, encore une fois, notre groupe s’éclate, s’étire. A présent que je suis vraiment chaud, mon pas s’allonge insensiblement et j’ai de plus en plus de mal à garder le rythme de mes deux coéquipières…









16h41 : 
C’est enfin au tour de Danièle d’en finir avec ce qui était devenu, il y a quelques temps déjà, pour elle, un vrai calvaire. Pourtant un peu habituée aux chemins de croix, celui-ci l’a mise en transe ! Or cette transe est d’abord toute intérieure. Elle a bien posé le genou à terre, à chaque virage, mais dans la boue, et à cause de la boue ! Elle en veut à ce temps de merde ! Mais elle en veut surtout à son Charly chéri et à Mimi, alias Momo le Coco de tout le monde, pour l’avoir embarquée là-dedans ! Et si encore il y avait eu une vraie barque, avec une cabine et un toit pour s’abriter !! Mais non ! Rien qu’une galère ! Et une galère avec pour seule galérienne : sa pomme ! Quel pépin ! Et pas une seule rame pour l’aider à avancer et ne pas se laisser avaler par toute cette mélasse dégueulasse !!! Elle en veut aussi à ses coéquipiers qui l’ont un peu abandonnée comme une vieille chaussette détrempée qu’on aurait larguée au beau milieu d’une mare ! Et Dieu sait s’il y en a des mares dans le coin !! Elle en veut aussi à cette organisation qui a été un peu légère sur les ravitaillements et les aires de repos pour cette épreuve de 25 bornes, certes la plus courte mais donc la moins cotée ! Mais a-t-on déjà vu des aires de repos sur une mare où ne vogue ni barque ni galère ?! Et maintenant, elle est en pétard sur la plate-forme d’arrivée… Et elle restera furieuse toute la soirée… et décidée à ne jamais réitérer ce genre de connerie !!! Et à cette colère s’ajoutera le fait de rester sans nouvelles, ou plutôt sans aucune prise de nouvelles, de la part de son taré de marcheur de mari !! Effectivement, je marche un peu en égoïste, sous ma capuche me protégeant de la pluie… dans mon truc, quoi ! Et ce con de téléphone qui fonctionne quand il a le temps… avec lui ! « Ah ! Si je tenais l’abruti qui en veut ainsi aux Warriors » !!

Au km31, vers 16h45, et après une nouvelle bonne averse, j’arrive au pointage avec un peu d’avance sur Josiane et Agnès, dans un lieu à priori peu accueillant. Aussi, je pointe et je décide de ne pas traîner. Dès leur arrivée je leur fais part de ma décision de ne pas rester plus longtemps. De leur côté, elles désirent faire une bonne pause. Je les abandonne donc ! « Ciao ! bye, bye, les 50 !!! Et bonne route » ! Certes, déçu de les quitter, je pense qu’il me faut maintenir mon rythme pour arriver dans les temps au bout de mon périple, très loin d’être terminé. Quant à Josiane et Agnès, je ne suis pas inquiet pour elles car je les sais solides. Josiane, même si elle est très fatiguée de son année et de ses dernières journées, est expérimentée sur cette distance. Quant à Agnès, que je connais moins, elle est très tonique et je la sens vraiment capable d’aller au bout et bien sûr : en temps et en heure. Ainsi, sauf un gros coup dur, en maintenant leur vitesse, toutes deux ne devraient pas avoir de soucis pour terminer dans les délais.

Un peu plus loin, et après une nouvelle bonne grimpette, le chemin se trouve totalement sous les flots. En exagérant, sa photo pourrait résumer cette épreuve ! 


Mais, il me faut ne pas tomber dans la caricature. D’autant plus, qu’à partir de là, la pluie va baisser les armes pour nous offrir une bonne période de répit ! Et c’est tant mieux car les pieds baignent dans des chaussures gonflées d’eau. Et pour avoir déjà vécu une telle expérience à Eupen, je suis assez inquiet. D’ailleurs, depuis quelques temps je ressens des douleurs de brûlures ! Depuis un moment, je devais slalomer entre les grosses flaques, mais cette fois, il n’y a pas trop de possibilités. Je tente donc, et réussis plus ou moins bien, de passer au bord de cette improbable mare, tout en me disant que : dans le pire des cas, mes pieds font déjà trempette ! Alors…

Des voix se rapprochent insensiblement. Pourtant j’ai légèrement haussé mon rythme ! Et après quelques minutes durant lesquelles leur intensité ne cesse de monter en puissance, elles finissent par me rejoindre et même s’adresser à moi. Et pour la première fois depuis mon long périple, je découvre que je ne suis pas le seul à m’être élancé sur le 100km !! Du coup, même si je dois un peu forcer pour garder leur rythme, nous cheminons ensemble d’un bon pas tout en échangeant sur nos présences respectives. C’est le premier 100 bornes de la dame, mais le second du gars (son frère), qui avait abandonné lors de son premier, il y a déjà quelques années. Nous faisons ainsi un bon bout de chemin. Mais au pointage-ravitaillement suivant, ils repartent avant moi. Ils me semblent assez speed, trop pressés, même !! 

Et après m’être ravitaillé et étiré le dos tout en écoutant un autre groupe de 100 bornards (décidément, je ne suis vraiment pas seul !!), je reprends la route. Une route peu intéressante… Même s’il ne pleut plus, le ciel n’est pas pour autant des plus lumineux. Le soleil ne se montre pas et on ne le verra certainement pas se coucher. La nature n’offre plus qu’une succession de montées et de descentes, de routes et de chemins gadouilleux à souhait. Et chaque descente accentue la sensation de brûlure de mes pauvres petits petons malmenés. Aussi, j’essaie de téléphoner à mon staff pour demander du matériel sec que je pourrai utiliser dès la mi-course. Et : miracle ! Ca fonctionne !! Ca pourrait marcher, mais c’est moi qui marche !!!

Lorsque je parviens en solitaire au pointage suivant, le frère et la sœur redémarrent. Ils ont certes pris une petite avance sur moi, mais la dame semble avoir une petite claudication. Par expérience, je sais que certains redémarrages sont douloureux et que ça s’arrange rapidement. Mais en ce qui les concerne, j’ai un mauvais pressentiment. Là où ils en sont, c'est-à-dire comme moi en fin de peloton, on ne joue pas la gagne ! Aussi, je pense qu’ils ne prennent pas assez leur temps !

Après 10h45 et officiellement 52km, j’atteins Trizay, à la croisée des deux boucles de mon parcours en forme de huit, et pour l’occasion : centre du monde. Comparé à nos 9h50 de l’an passé, cela n’a rien de glorieux ! Mais les conditions ne sont pas les mêmes et mon départ a été plus sage, beaucoup moins violent. Et comme la violence ne doit pas se mêler à l’endurance telle que je la conçois, tous les espoirs sont permis. J’ai une marge de temps intéressante et la fatigue ne m’a pas atteint. Le seul point noir est cette série de brulures sous les pieds, mais je vais mettre à profit cette halte pour essayer d’y remédier. Je me présente donc tout guilleret à l’entrée de la dernière ligne droite. Une grande partie de mon fan-club m’attend en piétinant depuis quelques minutes, comme si leurs 25km ne leur avaient pas suffi. Je fais quelques mouvements de bâtons dans les airs pour signifier ma satisfaction, ma bonne forme et mon plaisir de retrouver tout ce petit monde. Et une bonne pause est la bienvenue. 

En me dirigeant vers le lieu de pointage, je croise et salue le couple « famille d’accueil ». Tout souriants, ils ont remplis leur contrat de 50km et me souhaitent bon vent pour la suite de mon épopée.

Puis, assis à une table avec Maurice, Tania, Alphons et Max, nous échangeons évidemment nos impressions sur nos périples respectifs et surtout sur cette météo plus que trouble-fête. Dans le même temps, je me jette sur ma salade de pâtes tout en effectuant un changement d’optiques, c'est-à-dire que j’abandonne les verres de contact, que je ne peux supporter 24 heures, au profit des lunettes de vue. J’effectue aussi et surtout des changements au niveau des pieds ! Les chaussures, les chaussettes et les pieds sont totalement trempés. Aussi, je laisse mes pieds respirer, sécher et profiter de ce moment de décompression. Et quand ils sont bien secs, reposés et qu’ils font enfin oublier les sensations de douleurs qui en émergeaient, pour les attendrir encore et leur faire savoir que je les aime bien car bien souvent, grâce à eux je vis des choses géniales, alors je les pommade langoureusement de crème Nok ! Et je sens qu’ils aiment ça ! Alors quel bonheur de les remettre dans un fourreau douillet, chaud et sec ! Ensemble, nous allons pouvoir repartir pour un nouveau pied !! 

Je me mets d’accord avec les autres Warriors pour un éventuel créneau d’arrivée de mes 100 bornes. Je donne donc rendez-vous à tout le monde, logiquement vers 9h00 demain matin. Cependant, s’il y avait du changement, je pourrais essayer de téléphoner, mais avec l’efficacité de cet outil dans la région, ce n’est pas gagné. Toutefois Maurice se lèvera plus tôt pour venir me retrouver et me tenir compagnie pour la fin d’un long moment de solitude, et là aussi, nous envisageons précisément nos retrouvailles. Et au cas où les choses tourneraient mal pour moi, il me dit de ne pas hésiter à le réveiller pour venir me rechercher. ! « Merci Maurice » !
 
Tout en échangeant ces propos, je me déleste aussi de toutes les choses inutiles et de quelques autres que j’avais prises par prudence ou pour égayer ma solitude. Je récupère aussi une cape de pluie en bon état (neuve me semble-t-il) et j’en profite pour envoyer l’autre rejoindre ces choses qui n’auraient même jamais dû exister : « Casse-toi ! Pauv’conne » !!

Puis, comme je les avais demandées à Maurice, avant de repartir sur le chemin, j’enfile une nouvelle paire de chaussures. Mais, alors que la brûlure de mes pieds s’était faite oublier durant cette pause, celle-ci resurgit aussitôt et de manière encore plus violente ! J’essaie quand même de faire quelques pas, mais la sensation est réellement insupportable ! Malgré le risque qu’elle présente, la solution au dilemme qui se présente est alors vite trouvée, tant elle est seule, et adoptée. Avec les chaussettes sèches que je viens d’enfiler et une troisième paire qui attend patiemment au fond de mon sac, je prends le pari de faire cette seconde boucle avec mes premières chaussures, certes trempées mais beaucoup moins douloureuses. Bien sûr, mes pieds sont toujours très sensibles, mais le fait d’être au sec atténue sensiblement la sensation de la brûlure. Si la première partie de la nuit reste clémente alors je ne devrai pas avoir trop de problèmes.

Le frère de la sœur, m’ayant aperçu, vient me rendre une petite visite et m’annonce qu’ils abandonnent tous les deux ! Je lui fais savoir que je suis déçu pour eux, mais au fond de moi : cela ne m’étonne pas plus que ça… Leur mésaventure me fait penser à un mauvais « lièvre et tortue », où la tortue finit seule ! Mais il ne me faut pas être trop présomptueux ! Certes j’ai endossé le rôle de la tortue, mais il me reste un petit bout de chemin à parcourir, et celui-ci s’annonce périlleux ! Peut-être le scénario est-il déjà écrit ? Mais aurai-je toutes les ressources nécessaires pour remplir ce rôle et mener à bien ma mission ? Réussirai-je à déjouer tous les pièges dispersés sur mon passage comme autant de gouttes de pluie que le gars de la régie s’évertue à brumiser depuis avant mon arrivée déjà ? 

Pour le savoir, il vous suffit de rester branchés ! Mais, moi, je ne me pose alors aucune question de ce genre. Je suis à présent totalement optimiste et je n’ai qu’à jouer mon rôle, et l’affaire est dans le sac !! 

Et après une petite trentaine de minutes bienfaitrices passées dans la position assise avec une bonne partie des Warriors, et peu de temps avant l’arrivée du duo Josiane-Agnès, me voici reparti sur un bon rythme, prêt à affronter la nuit noire du Perche, en solitaire…

21h33 : 
Après 11 averses, le duo des Warriorettes, Josiane et Agnès, approche de ses fans les plus chers, et surtout de sa ligne d’arrivée. Dans leur dernière descente, elles sont chaleureusement accueillies par la triplette Warrioresque désormais spécialiste du fait.
Sourires, embrassades, larmichettes, félicitations, émotion…



« Hourra » !!! 50 bornes !! C’est pas donné à tout le monde !!!

Et alors que l’illuminé que je suis, pour l’heure seul rescapé des épopées des Warriors sur 100 kilomètres, file seul vers une grande satisfaction pour fêter les vacances qu’il vient d’entamer, le reste de la troupe se retrouve au grand complet dans l’annexe du manoir rustique du village de Vichères. J’imagine que le repas est festif, mouillé… de vin, et surtout expurgé de pâtes !! Aliments si précieux la semaine passée ! Aliment exécré pour les jours et les semaines à venir !! Puis, après une bonne douche, la dernière de la journée, chacun regagne sa chambrette puis sa couche, ferme ses yeux avec satisfaction en passant en revue toutes les émotions fortes de cette exceptionnelle journée, et finit par trouver un sommeil bien mérité…

J’attaque très rapidement par un bon petit raidillon, histoire de me mettre dans le crâne que le parcours n’est pas moins difficile. Puis à la descente qui suit, je me rassure provisoirement sur le choix que j’ai opéré en gardant mes chaussures détrempées. Pour l’instant, je me sens encore au sec, et relativement bien. Les brûlures sont beaucoup moins vives que précédemment ! Et c’est le cœur ainsi égayé que je goute à la marche solitaire nocturne dans une sorte de tranchée. Il n’y a pas un bruit. Les éléments se sont calmés : pas de pluie, pas un poil de vent ! Et personne ! Pas même un être à poils, ni sans poil, ni à plumes ! Les petits habitants traditionnels de ce genre de lieu doivent déjà être au fond de leur nid. Je n’y vois plus grand grand-chose dans la pénombre de la nuit tombante renforcée par le manque naturel de lumière de ce tunnel végétal. Cet avant-goût de ce qui m’attend pour les heures à venir est vraiment impressionnant !! 

Je me prépare alors à m’équiper pour la nuit. La lampe frontale et les gilets jaunes réfléchissants devraient m’aider à vaincre cette espèce d’angoisse qui risque de m’assaillir épisodiquement. Me revient alors cette image qui m’obsède depuis quelques temps déjà. Pas si loin d’ici, se trouve le célébrissime circuit automobile du Mans. La proximité du lieu, la veillée que je vais entamer… Dans le faisceau de la lampe frontale qui sera seul à me raccrocher à la réalité du moment… je revois les phares des Matras et autres bolides qui, lors de mon adolescence, traçaient sur le petit écran de curieuses et mouvantes courbes durant cette course qui a toujours un point commun avec celle dans laquelle je suis : sa durée de 24 heures !

Je trouve un endroit magnifique vers l’entrée de Nogent-le-Rotrou, et pour profiter pleinement  de la beauté du lieu, je fais ma pause pour enfiler mes gilets et installer mon I-pod. Je m’installe sur un petit muret qui protège un joli bassin en face de l’immense baie vitrée d’une magnifique demeure percheronne. Tout au fond de cette véranda voutée, un repas est dégusté par des convives concentrés sur leur tâche. Et je repars avec de quoi vaincre le silence qui me domine depuis quelques temps…

km59 : J’arrive tout guilleret, tel le fou-chantant, au ravitaillement situé au pied du château médiéval de Nogent le Rotrou, tout illuminé. Et comme je suis bien élevé, j’arrête mon I-pod qui m’avait gratifié de trois morceaux de musique bien toniques ! Tout en saluant les hôtesses apparemment frigorifiées sous leurs anoraks bien fermés alors que je n’ai que mon débardeur et mes deux gilets jaunes sans manche (un sur moi et l’autre sur le sac à dos afin d’être vu de devant et de derrière), je remarque que le client précédent fonctionne à la bière ! D’ailleurs trois bouteilles me tendent leur capsule, et j’entends une des hôtesses qui  m’en propose une !! Mais, poliment, je décline l’invitation qui, si je l’acceptais, risquerait de me faire plonger dans un proche fossé avant de l’avoir terminée ; c’est du moins ce que j’imagine ! Je fais pointer ma carte, me ravitaille, échange quelques mots avec ces dames, et au moment de reprendre la route, le gars qui à présent tire sur sa clope me propose de cheminer avec moi !! Je sais très bien que nous sommes très peu nombreux sur cette distance, ainsi les chances de gambader en solo sont élevées. Sans trop réfléchir, je décide d’accepter et donc de tirer un trait sur l’angoissante nuit en solitaire dans les chemins boueux et les forêts terrifiantes de ce Perche inconnu ! Cheminer à deux sera en effet plus raisonnable. Car on ne sait jamais ce qui peut nous arriver. Et avec la boue, qui à n’en pas douter nous attend, les risques d’accident ne sont pas nuls. Et puis, ça peut aussi être sympa. Aussi, dès le mégot éteint, nous entamons notre marche commune, pour une nouvelle aventure, en quelque sorte.

Nous démarrons sur un rythme canon, nous laissant entraîner l’un par l’autre. D’emblée, nous entamons la conversation, nous présentant en déclinant nos CV de marcheurs, en évoquant comment nous en sommes arrivés là… Mais, curieusement, Bernard se montre rapidement davantage bavard que moi ! La nature finit toujours par prendre le dessus, n’est-ce pas ! Et après une bonne heure de marche sur un chemin boueux à souhait, quelques glissades spectaculaires de mon compagnon mal éclairé et adepte de la marche sans bâtons, nous constatons que le ravitaillement annoncé à 4km est inexistant. Ou bien nous nous sommes trompés quelque part ! C’est dans ce genre de situation qu’on se rassure si on n’est pas seul. Et du coup, même si nous doutons un peu, nous poursuivons notre chemin au milieu de cette forêt sans intérêt aucun.

Dimanche 8 juillet 2012 à 0h16 : Après être entrée deux heures plus tôt dans une phase de sommeil profond, bien mérité, la petite ville de Trizay s’éveille brusquement ! Le guetteur (veilleur de nuit chez Orange, viré quelques heures plus tôt pour s’être effondré sur la manette de coupure générale du réseau téléphonique national) hulule dans le porte-voix que son ex-employeur lui a légué en guise d’indemnité de licenciement due à l’illustre prestation dont il vient d’être l’étoile filante ! « TERRE !! TERRRR… TERRE A TRIBORD » !!!!! A peine ont-ils le temps de s’ébrouer jusqu’à ouvrir les deux yeux… que tous les Trizéens présents sur la plate-forme d’arrivée voient  surgir de la nuit percheronne noire, le premier gilet jaune des 100 bornards illuminant tout sur son passage. Il débouche seul de la dernière descente ! Oui : seul ! Car tous les photographes avides d’émotions fortes en ont eu pour leur argent, et pour longtemps ! Les moins malheureux de l’histoire n’ont même pas réussi à suivre cette flèche. Et bien d’autres se sont cassé le nez !! Il faut dire que la météo les a souvent aidés à le dépasser, mais la glissade s’est à chaque fois soldée par une prévisible rencontre avec un obstacle contondant, déchirant, et même virevoltant ! Bouzin, le taureau s’en souvient encore !!!

Vers le km65 : Enfin, nous apercevons une petite loupiote au bout du chemin. Et nous tombons rapidement sur un gars en grande conversation avec deux autres personnes, à côté de sa voiture. Nous y pointons, y papotons un peu et y découvrons l’organisateur de cette manifestation. Bernard en grille une, et j’en profite pour faire quelques étirements du dos et me ravitailler un peu. Le chef avoue que ce ravitaillement est curieusement positionné et ne correspond pas vraiment à ce qui est annoncé sur notre plan très succinct, mais ça a l’air de lui plaire.

Mais on papote, on papote… or la température n’est pas franchement au top au beau milieu de cette insipide forêt, noire comme la nuit noire. Le seul intérêt n’a beau demeurer que dans les flaques de boue qu’elle nous propose, nous sommes quand même machinalement attirés par l’appel de l’aventure, et aussi par un réchauffement garanti. Aussi, nous repartons pour une étape théoriquement assez longue. Bernard, lui, repart dans ses quasis monologues, se positionnant le plus souvent devant moi. Il me présente en long, en large et en travers le très réputé 100km de Millau, puis celui, magnifique, de Belves dans le Périgord noir, et quelques autres marches intéressantes mais moins longues... Mais je commence à lever le pied car j’ai toujours en tête de ne pas trop forcer l’allure afin de ménager ma machine. Aussi, il marche de plus en plus souvent à une certaine distance de moi, et de ce fait je ne perçois pas tout ce qu’il me dit ! Et ma culture de marcheur reste ainsi, encore à ce jour, à parfaire !

Nous poursuivons ainsi notre promenade à la belle étoile avec une météo qui nous laisse tranquilles. Nous nous déplaçons de mare de boue en mare d’eau, de glissade en glissade, de balise en balise, de flèche jaune en flèche jaune… jusqu’à un carrefour situé au sortir d’une forêt. Et là, curieusement, et pour la première fois, il n’y a pas de balisage !! Nous nous séparons pour explorer les différents chemins, puis nous rendons à l’évidence : il n’y a vraiment aucune balise ! Nous sommes d’autant plus étonnés que, jusque-là, le balisage était impeccable. Nous décidons donc de rebrousser chemin et de chercher une balise qui nous aurait échappé. Je balance alternativement la tête, et donc la lampe-frontale, à droite et à gauche pour balayer les bords de ce chemin que nous avons certainement mal étudié à l’aller, très occupés à bavarder que nous étions. Mais, décidément, nous ne trouvons rien ! Et finalement, nous nous retrouvons au début de ce chemin, en bordure de route, au-dessus de la dernière flèche que nous avions vue, mais pas suffisamment analysée. Or, celle-ci, de même forme et taille que ses consœurs, n’est pas jaune, mais blanche !! Nous avons donc marché un bon kilomètre et demi de trop et perdu ainsi un bon quart d’heure ! Il est vrai que 100 km nous paraissaient plutôt insuffisants !! Ca me rappelle que ma dernière prestation du genre mesurait 101 kilomètres ! Ainsi, si je vais au bout j’aurai battu mon record de distance.

A nouveau sur la bonne voie, nous continuons à deviser. Mais Bernard est le plus souvent devant moi, ne réussissant pas à se caler sur mon rythme. Il faut dire que sa dernière perf sur la distance s’est soldée par un 17h40 (alors que je vise 23h00) ! Ainsi, il monologue plus que nous discutons car je ne l’entends pas continuellement. Toutefois,  quelques rares faits nous rapprochent. Ainsi, à un moment, dans un pré adjacent, il me désigne quelques vaches que je réussis à distinguer en dirigeant le vicieux faisceau de ma lampe frontale en direction de quelques paires d’yeux interloqués.

km71 : Après une bien longue étape, dans un paysage assez plat de forêt et à priori moins intéressant que celui de la première boucle, nous nous approchons du point lumineux que nous distinguions depuis déjà quelques minutes. Nous sommes accueillis par un cri déchirant la quiétude de ce lieu baignant dans la noirceur de cette nuit particulière : « Marcheurs » !!! Notre arrivée semble ainsi réveiller les personnes qui ne nous attendaient peut-être plus ! Pourtant, après avoir lancé les inévitables « bonsoirs » et « bonne nuit » aux veilleurs qui discouraient au beau milieu de cette route déserte et avoir pénétré dans le bâtiment, nous découvrons une curieuse ambiance. Il y a là pas mal de monde. Ceux qui nous accueillent pour nous pointer et nous ravitailler, mais aussi deux autre groupes de marcheurs. Manifestement les non marcheurs avaient décidé de passer une nuit d’enfer, entre copains. Un poste de radio crache un brouhaha discordant afin d’empêcher ces veilleurs de sombrer dans les bras de Morphée. En ce qui nous concerne, ça rompt avec le silence qui nous tenait compagnie. Et alors que l’hôtesse d’accueil (apparemment prête à jouer les hôtesses de l’air et donc à s’envoyer en l’air) d’une voix suave me demande de lui montrer le dossard que je dissimule sous mon gilet jaune réfléchissant, pris par cette étonnante ambiance surréaliste, je lui fredonne cette chanson de Joe Cocker « You can leave your hat on » tout en ouvrant lascivement mon gilet… Et après avoir déchiffré mon numéro « 66 », celle-ci me lâche d’un air déçu et sur un ton gourmand : « Oh ! J’aurai préféré 69 » !!! Puis elle éclate de rire. Dans le même temps, j’aperçois, non loin d’elle, une bouteille de Whisky et une autre d’un breuvage non étiqueté, toutes deux bien entamées. Et je discerne quelques cernes sous les yeux de la brave dame…
 
Et, soudain, je ne me sens pas très bien. La gente dame m’a-t-elle tant excité ? Ou bien, chose plus probable : est-ce parce que je n’ai rien mangé depuis trop longtemps que du coup je me sens faible, voire écœuré ? Quoiqu’il en soit, l’espace d’un instant, je me vois être obligé d’abandonner ! Je commence par m’asseoir, et je me rue sur le pain de céréales acheté la veille. Je mange aussi quelques gâteaux apéro un peu humides qui restent sur la table de ravitaillement ; c’est salé, ça fera du bien ! Et je bois, comme toujours pour empêcher les crampes. J’évite le café qui m’aiderait pourtant à rester éveillé, mais je préfère ménager mon cœur.

Autour de moi, les gens s’agitent à leur manière. L’un des autres groupes de marcheurs a décidé de s’arrêter là. Originaires de Chamonix, ces trois jeunes n’en peuvent plus, surtout la fille dont les cernes sous les yeux en disent long sur son état de fatigue. On les rassure et les félicite car marcher 71 kilomètres n’est pas donné à tout le monde ! Les autres marcheurs, interrogés par les hôtes des lieux font savoir qu’ils sont des habitués de la bagatelle. Il y a peu, ils avaient bouclé un 200 km !! Rien que ça ! Mais je ne capte pas tout ce qui se dit depuis la bulle dans laquelle je suis entré pour tenter de récupérer ce qui me fait défaut pour poursuivre mon épopée. J’avertis mon compagnon de route et le gars avec qui il converse que je ne suis pas au mieux. Mais je n’ai pas envie d’en rester là et de jeter l’éponge, et puis ce malaise me semble léger. Pourtant me revient à l’esprit le scénario qui a suivi mon arrivée à Bruges l’an passé, et la voix de la sagesse se fait entendre. La prudence m’impose donc de laisser passer un peu de temps. 

Finalement, après un petit quart d’heure de repos, je me décide à repartir. En quittant mon siège, je me sens mieux. Certes un peu affaibli, mais déjà moins écœuré. Je demande à Bernard s’il est d’accord pour marcher moins vite au moins jusqu’au prochain ravito situé à environ 3km, et nous redémarrons ! Les articulations commencent à faire savoir qu’elles existent vraiment, mais après quelques dizaines de mètres les choses rentrent dans l’ordre et je marche sereinement afin de ne pas remonter trop vite en régime. Mon allure freine sensiblement Bernard, mais il me répond que cela ne le dérange pas.

Toujours curieux de ce qui m’entoure, j’observe à droite, à gauche… Et là, une nouvelle paire d’yeux apparaît dans mon champ de vision. Distinguer quelque chose, l’analyser et le comprendre en me tirant de la routine où il n’y a rien à voir en dehors des arbres, des cailloux et du bitume noir comme la nuit, me rassure en même temps que cela me maintient éveillé (même si je n’ai aucunement sommeil). Et en bougeant un peu la tête latéralement, je fais mouche en capturant cette magnifique image du petit veau tétant sa brave maman. Décidément la pauvre ne peut pas vivre son intimité à sa convenance, cette nuit ! Et, un peu agacée, elle balance sa queue pour claquer la mouche ! Celle avec laquelle je l’ai dérangée. Mais au son de ce claquement, Bouzin le taureau fait savoir de sa voix puissante qu’à présent : « Cétacé » !! Et moi, je me fonds dans la profondeur de la lumière disparue… Je n’insiste pas car de toute façon, derrière nous, il n’y a plus qu’un gars ! Et il a peu de chance d’arriver ici avant la fin de la nuit, car si nous avons bien compris : il est très loin derrière nous ! Alors, à quoi bon discuter avec cette bête à cornes pour tenter de lui faire comprendre que chez nous : ça se fait de voler de telles images parce que la vie, cette vie-là, c’est beau ! Inutile, donc, de brandir la menace de l’envoyer chez le boucher ou sur le bûcher ! Vraiment inutile car j’ai d’autres chats à fouetter ! Et Bernard qui tire sur sa clope va bientôt se brûler le bec si nous ne repartons pas ! Alors, la queue de la vache à la main, en guise de fouet, je repars vers mes chats, et Bernard s’envole à nouveau, devant moi…

A présent, la fin de la nuit se rapproche. Même si celle-ci figure parmi les plus courtes de l’année, et donc que le jour correspondant est des plus longs (voire, le jour le plus long !) pour moi, c’est bien la nuit la plus longue !! Bernard me confie que depuis qu’il effectue de telles marches, son plus beau rêve est de voir le lever du soleil ! « Il n’y a rien de plus beau que les couleurs du lever du jour » ! Certes, le fait est splendide ! Mais, après une nuit percheronne qui nous a fait part de sa clémence et nous a même gratifié d’un ciel parfois étoilé, à la vue de quelques lueurs furtives, nous hésitons entre des rayons balancés par une immense tour bardée d’antennes afin de guider les avions dans une autre direction et les éclairs d’un orage aux aguets. Un proche avenir n’hésitera pas à nous dire de quoi il en retourne !

Moi, je m’étais imaginé la lumière rasante de l’astre solaire s’éveillant sur les blés chevelus ou non, mais arrivés à maturité pour être bientôt moissonnés. J’ai encore en tête ceux des bords de la Dhuys par un beau matin de juillet, quelques semaines avant mon premier 100km, et cette blondeur, momentanément dorée, m’avait tellement ébloui que j’en rêve encore. Aussi, tout comme mon nouvel ami, Bernard, j’ai fait ces quelques pas pour toucher cette vision aussi furtive que l’arc-en-ciel que nous n’avons même pas vu hier, tant les nuages obstruaient le soleil ainsi fragilisé.

Du fond de son lit, Danièle qui est allée courageusement au bout de ses interminables 25km, et dont le corps souffre encore de son effort en partie en solitaire dans les chemins humides, est soudainement réveillée par de curieux bruits à son carreau allant en s’amplifiant. Ses neurones, anesthésiés mais à présent débarrassés de cette boue dégueulasse de la veille grâce à une douche bienfaitrice dans une vraie douche, opèrent une connexion difficile. Au milieu d’un curieux méli-mélo dramatique de ronflements et de pianotements plus aigus, elle comprend ce qui se passe ! Et, totalement abasourdie par cette situation dépassant son entendement, elle ne peut retenir ces paroles qui risquent d’éveiller tous les membres de la maisonnée copieusement assommés de ce sommeil bien mérité dont un seul des leurs est en train de se priver, ou plutôt de se passer tant il est à la fête ! « Il est complètement fou » !!! s’écrie-t-elle ! Mais personne ne l’entend tant l’averse qui cogne aux carreaux et à la porte est violente ! Elle s’énerve pour lui, l’imagine, le voit presque dans une vallée perdue, sur une colline à la merci des éléments, ou encore au fond d’un de ces torrents formés pour l’occasion, le complètement cinglé (au sens figuré, pour reprendre les mots d’une personne chère, mais aussi au sens propre) ! 

Au même moment, lui, revêt à nouveau, avec résignation, la cape de pluie dont il s’était passé tout au long de cette nuit en compagnie de Bernard. Etre au sec sous ce tissu de plastique flambant neuf présente aussi l’avantage de maintenir le corps dans une douillette chaleur bienfaitrice dans la fraîcheur naissante de cet embryon de journée. 

Et nous comprenons maintenant, Bernard et moi, que nos rêves respectifs ne se réaliseront point. Dame pluie et ses copains reviennent à la charge ! « Eh ! Là-haut ! Vous en avez pas marre de nous arroser comme ça» ?!! Il faut croire que non, car quelques minutes après la fin de cette vilaine, les hostilités reprennent à nouveau ! Mais cette fois, nous sommes un peu à l’abri dans un autre tunnel végétal. Alors nous en profitons pour faire une petite pause.

C’est alors qu’un motard nous double, dans cette boue désagréable que lui aussi commence à exécrer, et nous demande si tout va bien. Nous le reverrons plusieurs fois et discuterons avec lui. Son rôle est de vérifier que toutes les balises du parcours sont bien en place, et donc que personne ne s’est amusé à les déplacer afin de fausser les pistes des marcheurs !! Eh, oui ! Même dans ce joli coin, havre de paix, les crétins sévissent ! Aussi, ce sportif motorisé est en train d’accomplir la prouesse d’atteindre ses 24 heures, le cul sur sa selle. Depuis 7 heures du matin, le samedi, il sillonne routes et chemins, et se retrouve aussi fourbu que nous. Et c’est bien grâce à lui et ses acolytes que le balisage ne présente aucune erreur, et que nous pouvons cheminer sereinement !

Je téléphone à Maurice pour lui signaler que je m’approche sérieusement de notre point de rendez-vous. Mais dans un premier temps, il n’y a pas de réseau. Lorsque je réussis la connexion, il est trop tard pour qu’il puisse me rejoindre. Il ne pourra donc me retrouver qu’à Trizay, à proximité de la ligne d’arrivée et n’aura pas le loisir, la joie et l’honneur de m’aider à en terminer.

Le jour finit par pointer son nez, pour notre plus grand bonheur sous la forme d’une mer de nuages grisâtre ! Nous cheminons de point de contrôle en ravitaillement, tout en maintenant une vitesse de pointe d’environ 5km/h, ce qui est vraiment correct. Les côtes semblent de plus en plus raides. Et nos jambes s’activent autant que passe le temps, mais les articulations grincent de plus en plus et les pieds brûlent sérieusement.



Pourtant une éclaircie grandissante s’installe, nous narguant au point de nous faire croire que le soleil illuminera notre arrivée. Alors, nous y allons de nos pronostiques. Fera beau ? Fera pas beau ? Pleuvra ? Pleuvra pas ? Il n’est absolument plus question, depuis longtemps d’ailleurs, d’abandonner !! J’y crois, dur comme ferme ! Je ne me pose aucune question sur un quelconque échec. J’irai au bout, mais dans quelles conditions ? C’est tout ce qui m’intrigue, nous intrigue ! Et désormais, la vie se résume à avancer. Avancer en évitant les gouttes, jusqu’à retrouver les nôtres. 

Et les nôtres se présentent, au sommet d’une côte et de l’ultime descente, sous la forme, tout d’abord d’un petit bonhomme bien joyeux de retrouver son pote Bernard, puis sous celle d’une silhouette plus imposante, en la personne de Maurice, avant-garde du team Warrior. A n’en pas douter, l’arrivée est imminente. Pourtant, le guetteur du village ne se fait pas entendre. Et pour cause : il a fini par se faire virer ! Je salue le copain de Bernard, et ébauche quelques mouvements de bâtons à destination de Maurice pour manifester ma joie. Puis le reste de la troupe apparaît et je jette mes bâtons en l’air. 


« Yes !!! J’y suis ! Nous y sommes » !!!

L’invité trouble-fête, sous la forme d’une météo pourrie, n’aura finalement pas eu notre peau ! Nous entrons dans une phase de bonheur total, et une certaine fierté d’être allé au bout de ce truc de fous nous pénètre ! D’après Bernard et son GPS, nous ne sommes pas loin de 104 kilomètres, avec un dénivelé cumulé bien supérieur à celui officiellement annoncé : 800 et quelques mètres !!

Bises, embrassades, accolades… Tout y passe ! Même, Monsieur le maire, bien matinal, vient nous congratuler. Pour un peu, Bouzin le taureau viendrait nous lécher la pomme !


Nos avant-dernières places, en 22 heures et 50 minutes, ne sont vraiment pas sous-valorisées ! Je suis le vrai avant-dernier, certes, mais devant un gars qui terminera deux heures plus tard, et qui ne sera donc pas dans les temps. 23 participants sur les 66 inscrits ont abandonné, soit plus d’un tiers. Je peux me considérer comme un rescapé, qui bat son propre record, et cela dans des conditions difficiles. Cerise sur le gâteau : je termine plus en forme que lors des précédentes éditions ! Je suis donc « heureux » !

De la même manière qu'il m'a remercié de lui avoir tenu compagnie durant cette nuit pas comme les autres, je remercie beaucoup Bernard d'être resté avec moi et de n'avoir jamais manifesté la moindre intention de me laisser choir comme une vieille paire de godillots au bout du rouleau... Et puis, c'était sympa !

Je tiens à féliciter tous les Warriors 2012 ! Présents sur tous les fronts, ils ont tous rempli leur contrat, retardant ainsi le dénouement de la course au Dagobert ! Bénédicte est pardonnée de s’être éclipsée rapidement, non pas parce qu’elle souffrait comme une petite chose fragile, mais parce qu’elle a su profiter de ce répit pour, sans gaspiller trop d’énergie,  faire briller comme jamais les gamelles des Warriors affamés ayant regagné le gîte ce samedi soir, et ainsi leur éviter une surtaxe de plus de 3,12 euros !!

Je remercie aussi les Warriors 2010 et 2011 qui, même s’ils font les morts depuis trop longtemps, m’ont donné le goût de ces petites randonnées. J’en profite pour leur faire remarquer qu’il y a un nouveau record à battre chez les Warriors !!

A présent, il est temps de reposer un peu nos gambettes pour mieux les préparer à d’autres aventures.